Analyse météo de l’hiver 2013/14

Meteo

Décembre 2013 : soleil généreux, sec et arrivée de la neige en montagne à Noël

Avec un écart thermique de seulement +0.8°C par rapport à la moyenne 1981-2010, le dernier mois de 2013 s’est montré très légèrement plus doux que d’habitude. Il faut néanmoins distinguer les régions de montagne de celles de plaine. Les premières ont enregistré un important excédent thermique (de 1.5 à 2.5°C) alors que les secondes ont à l’inverse relevé un léger déficit thermique (autour de -0.5°C). Phénomène typique de la prédominance d’une situation météo d’anticyclone stable, cette situation  a régné plus de la première moitié du mois, lorsque des lacs d’air froid se sont formés dans la plaine du Rhône. Ceci contraste nettement avec décembre 2011 et 2012, caractérisés par des conditions très dépressionnaires provoquant des excédents thermiques à basse altitude et des températures plus basses que normal en altitude. En décembre 2013, l’ensoleillement excédentaire (plus de 40% supérieur à la moyenne) et surtout les précipitations déficitaires (50% inférieures à la moyenne) sont caractéristiques de la prédominance d’un anticyclone.  Ceci s’est traduit par un enneigement plus faible que d’habitude. Il fut déficitaire d’un tiers par rapport à la normale à mi-décembre 2013, alors qu’il fut deux fois et demie supérieur à la normale dans les stations de ski mi-décembre 2012. Heureusement, les chutes de neige tombées durant les jours de Noël ont diminué ce déficit pour la haute saison et même créé un enneigement excédentaire sur une bonne partie du Haut-Valais.

La météo des week-ends de l’ensemble du mois de décembre et de la période de fêtes (21 décembre au 31 décembre) fut plus mitigée que le reste du mois (excédent d’ensoleillement moins prononcé et surtout déficit de précipitations moins important). Globalement le temps durant cette période fut tout de  même correct.

L’excédent thermique relativement important durant la période des fêtes (près de 2°C) a compensé  la première partie du mois relativement froide.  Les jours mêmes de Noël se sont d’ailleurs révélés exceptionnellement doux. Pour certaines stations suisses, ce fut même le Noël le plus doux depuis le début des mesures.

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Janvier 2014 : grande douceur et enneigement satisfaisant dans les stations

Le premier mois de l’année 2014 s’est révélé nettement plus doux que d’habitude. Son excédent thermique s’est élevé à 2.3°C en Valais. Au niveau suisse, ce fut même le cinquième mois de janvier le plus doux depuis 150 ans (MétéoSuisse, 30.01.2014  ). Les deux premières décades du mois ont spécialement contribué à cet excédent thermique important. La semaine du 6 au 12 janvier fut le point culminant de cette douceur inhabituelle. A partir du 21 janvier, les températures se sont révélées plus ou moins conformes à la saison.

Contrairement à décembre 2013, l’excédent thermique de janvier 2014 fut le plus marqué à basse altitude. En montagne, l’écart positif de température de janvier 2014 s’est révélé plus modeste, souvent plus faible qu’en décembre 2013. Les situations météorologiques sensiblement différentes de janvier 2014 par rapport à décembre 2013 expliquent cela. Elles furent dépressionnaires –  c’est-à-dire sans anticyclone stable. Les lacs d’air froid de la plaine du Rhône n’ont donc guère pu se former, en raison d’un temps souvent très nuageux. L’ensoleillement déficitaire (-23%) sur l’ensemble du Valais confirme cela.

Quant aux précipitations, elles se sont montrées très variables d’une région à l’autre : nettement excédentaires dans la région du Simplon, légèrement excédentaires au sud des vallées de la Viège et dans le Chablais (p.ex. +17% à Aigle), mais plutôt déficitaires en Valais central (-17%) à Sion. La dominance des courants d’altitude de secteur sud, avec effet de foehn en Valais central, explique cette répartition inégale de précipitations. En moyenne pour l’ensemble du Valais, on relève un déficit de précipitations très faible (-6%).

Cette répartition inégale de précipitations qui a d’ailleurs déjà débuté durant les fêtes de fin d’année se répercute sur un enneigement très variable selon la région.  L’enneigement s’est toutefois révélé correct sur la majeure partie du Valais dès la mi-janvier (déficit d’enneigement moyen de seulement 5% à la fin de mois sur l’ensemble du Valais). Les fréquentes situations de foehn ont donc amené de la neige avant tout sur les régions du Simplon, de Zermatt et de la vallée de Saas ainsi que dans la vallée de Conches et dans une moindre mesure  dans le  sud-est du Valais romand (Arolla, Verbier). Les  perturbations atlantiques ont également amené leur lot de neige dans le Chablais. Il reste donc les régions allant d’Anzère au Lötschental qui furent les moins touchées par les chutes de neige.  Le détail des chiffres le montre : enneigement excédentaire de 10% à Zermatt et de 5% à Planachaux (au-dessus de Champéry) aussi bien au milieu qu’à la fin du mois. A Simplon-Dorf, l’enneigement a même atteint le triple de la normale à la fin du mois. Aux Ruinettes (au-dessus de Verbier), après un déficit de 8% au milieu du mois, on a relevé un excédent de 4% à la fin du mois. En revanche, Crans-Montana fut caractérisé par un manque de neige important constant : près de la moitié vers le 16 du mois et encore un déficit d’un tiers à la fin du mois.Cette carte du SLF (Institut pour l’Etude de la Neige et des Avalanches, Davos) visualise cela.

En ne prenant que la fin de vacances scolaires du mercredi 1er au dimanche 5 janvier et également tous les week-ends du mois, on relève un léger excédent d’ensoleillement (5%). Ce qui contraste avec le manque d’ensoleillement sur l’ensemble du mois. Les belles journées des 1er, 5, 11, 12 et 25 janvier expliquent cela. Ces cinq journées totalisent ainsi à elles seules déjà le tiers de l’ensoleillement de l’ensemble du mois de janvier 2014. En d’autres termes, si toutes les journées du mois étaient aussi bien ensoleillées que ces cinq jours, l’ensoleillement total de janvier 2014 serait doublé. En considérant l’ensemble du Valais, les précipitations de la période correspondant aux derniers jours des vacances scolaires et l’ensemble des week-ends de janvier s’avèrent nettement excédentaires (+50%) . Cela est dû notamment aux fortes précipitations tombées en Valais le samedi 4 janvier et dans une moindre mesure le 2 janvier. Malgré cela, le temps s’est avéré plus clément durant les jours de congé que durant les autres jours du mois.

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Février 2014 : doux, humide et un bon enneigement en montagne

En 2012 et 2013, le mois de février fut nettement plus froid que la moyenne pluriannuelle 1981-2010, avec des écarts thermiques respectivement de -4.3°C et -2.6°C pour l’ensemble du Valais. Ceci contraste avec février 2014 qui s’est révélé nettement plus doux que la norme 1981-2010, avec un excédent thermique de +1.8°C. Il est d’ailleurs intéressant de relever que, dans la vallée du Rhône, chaque jour du mois s’est montré plus doux que la moyenne. L’excédent thermique fut donc encore plus marqué à basse altitude, avec par exemple un écart thermique d’au moins +3 degrés à Aigle et à Viège. Généralement,  avec l’altitude plus élevée, l’excédent thermique s’est amenuisé. Au Grand-Saint-Bernard, à 2500 m, février s’est même révélé conforme aux normes 1981-2010.

Ce phénomène est typique d’un mois dominé par des situations météorologiques  très dépressionnaires, avec de nombreuses zones de mauvais temps balayant le canton. Les taux d’ensoleillement (déficit de 28%) et surtout de précipitations (presque 2 fois plus que d’habitude) illustrent bien ces situations météo. Ceci contraste avec février 2012 qui s’est révélé très ensoleillé et particulièrement sec. A Sion et Viège par exemple, il n’est pas tombé la moindre goutte de pluie ou le moindre flocon de neige.

Ces précipitations abondantes sont tombées le plus souvent sous forme de pluie en plaine. Elles furent par contre sous forme de neige en général au-dessus de 1000 à 1300m. Ceci a garanti un bon enneigement sur les pistes. A la fin du mois, il fut même 14% supérieur à la normale en moyenne sur l’ensemble du Valais. Ainsi, même si les disparités régionales d’enneigement relevées en janvier ont subsisté, la quasi-totalité des régions ont évolué positivement par rapport à janvier. Cette carte du SLF du 27 février illustre cela. Le périmètre d’enneigement excédentaire de (110 à 140%) s’est étendu en continu des Portes du Soleil au sud-est de la vallée de Conches en passant par la région d’Arolla. Seules les régions d’Anzère au Lötschental ont encore relevé un léger déficit d’enneigement. A Crans-Montana par exemple, l’enneigement a affiché 71% de la norme le 27 février contre 62% en fin janvier.

Il faut encore relever que la météo des week-ends s’est  révélée encore plus défavorable  que la moyenne du mois : ensoleillement déficitaire (-32%) et surtout un excédent de précipitations nettement plus marqué. En ne considérant ainsi que les précipitations tombées durant les week-ends, il a plu ou neigé 2.5 fois plus que d’habitude. En fréquence, les précipitations se sont produites chaque samedi et dimanche de février dans pratiquement toutes les stations, à l’exception du dimanche 23 février.

Mars 2014 : Doux, sec et soleil généreux comme en 2011 et 2012

La météo de mars 2014 s’est nettement distinguée de mars 2013, alors qu’elle a fortement ressemblé à mars 2012 et surtout à mars 2011. Cette année (en 2014), mars  s’est révélé nettement trop doux, avec un excédent thermique de 1.8°C par rapport à la moyenne 1981-2010, soit le même écart que celui concernant février (2014). Cet écart positif de températures, pratiquement le même qu’en mars 2011, fut cependant inférieur à celui de mars 2012 qui atteignait 4°C par rapport à la moyenne 1961-90 ou 3.2°C par rapport à la moyenne ramenée à 1981-2010. En revanche, l’an dernier (en 2013), mars et février furent tous deux plus froids que d’habitude.

Cette année (en 2014), contrairement à février, l’excédent thermique de mars s’est révélé un peu plus prononcé en altitude qu’en plaine (2°C au Grand-Saint-Bernard, 1.4° à Viège et même 3° au Jungfraujoch à 3500 m –toutefois cette dernière station n’a pas été considérée pour la moyenne). Ceci est caractéristique de la dominance de situations météorologiques anticycloniques nous amenant du beau temps – contrairement à février.  Les chiffres du taux d’ensoleillement (+29%) et de précipitations 
(-63%) le démontrent. Ce dernier chiffre signifie que le cumul de précipitations n’a atteint qu’environ le tiers de la normale. En outre, les précipitations se sont concentrées sur quelques jours du mois seulement : 1, 3 et 4 mars et du 22 au 24 mars. 

Il est intéressant de noter que ces taux furent pratiquement identiques en mars 2011, alors que l’ensoleillement s’est révélé encore plus généreux en mars 2012 (taux de +50%). En revanche, le soleil s’est fait désirer en mars 2013 (taux de -23%).

Début mars (pendant les vacances de carnaval 2014), la plupart des régions valaisannes ont encore enregistré un enneigement supérieur à la normale. Même les régions ayant eu un enneigement déficitaire tout au long de cet hiver ont enregistré une progression. A Crans-Montana par exemple, ce taux d’enneigement est passé de 71% de la normale fin février à 79% début mars. Néanmoins, le temps souvent ensoleillé, sec et doux de ce mois de mars 2014 a eu un impact négatif sur l’évolution du manteau neigeux au cours du mois. Ainsi, à la fin du mois, la majorité des régions valaisannes ont relevé un enneigement plus faible que d’habitude, comme le montre cette carte du 27 mars. A cette date, on  a relevé un taux d’enneigement moyen sur le Valais de 83%, soit un déficit de 17%. Les régions favorisées par un bon enneigement sont restées les mêmes durant tout l’hiver : le Chablais, le sud-est du Valais romand (Verbier/Arolla) jusqu’ au sud de la valllée de Conches en passant par le sud des vallées de Zermatt et de Saas. Dans ces régions, l’enneigement est resté supérieur à la normale.

Enfin, il faut relever que ce déficit d’enneigement fut nettement plus faible qu’il y a 3 ans en 2011, lorsqu’il atteignait 67% fin mars, soit 4 fois plus qu’en 2014.  Et ceci, même si la météo de mars 2014 fut similaire à celle de mars 2011. Les mois de janvier et février humides de cette année et secs en 2011 expliquent cette différence remarquable. 

La météo des week-ends uniquement s’est  révélée un peu moins favorable que la moyenne de tout le mois : ensoleillement normal et précipitations moins déficitaires. Ceci s’explique notamment par la météo peu clémente du 1er mars et du week-end du 22/23 mars. La plus grande partie des précipitations mensuelles sont même tombées durant ce week-end.

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Avril  2014 : Chaud, rapide fonte des neiges, mais enneigement moins précaire qu’en 2011

Avril 2014 s’est révélé nettement plus chaud que normal, avec un excédent thermique de 2.3°C sur l’ensemble du Valais par rapport à la moyenne pluriannuelle 1981-2010. Ramené à la moyenne 1961-90, cet écart positif de températures s’élève même à 3.2°C. Cet écart est tout de même moins marqué que pour les mois d’avril 2007, 2009 et 2011 où il atteignit près de 4°C, et même davantage par rapport à la moyenne 1961-90. En avril 2014, sans les périodes de froid du week-end Pascal et des derniers jours du mois, avec à la clé le retour de l’hiver en montagne, l’excédent thermique aurait été aussi important que celui connu en 2007, 2009 et 2011. Mentionnons que  le 28 avril (2014) au matin, la ville de Brigue s’est même parée d’un manteau blanc. C’est donc bien la première moitié d’avril 2014 qui a plus  spécifiquement contribué à une température mensuelle moyenne bien plus élevée que d’ordinaire. Durant cette période, on relevait d’ailleurs de façon générale en Suisse des moyennes journalières de 5 à 7 degrés au-dessus de la norme 1981-2010.

Contrairement aux 4 autres mois de cette saison d’hiver 2013-14, l’écart thermique fut relativement homogène  quelle que soit l’altitude examinée. Il s’est par exemple élevé à +2.4° aussi bien à Sion qu’au col du Grand-Saint-Bernard, à 2500 m. Au printemps, la prédominance de situations météo anticycloniques (comme  en avril 2014) se caractérise par un resserrement des  écarts thermiques entre les stations d’altitude et les lieux situés en plaine.. En hiver une telle situation a des conséquences bien différentes. Par exemple, en décembre 2013 lorsque les situations anticycloniques ont dominé l’écart thermique fut de -0.1°C à Sion et de +2.4° au Grand-Saint-Bernard. Explication  de ce phénomène: la diminution des phénomènes d’inversion de température (températures plus basses dans les vallées qu’en altitude) s’amenuisent nettement au printemps par rapport à l’hiver par situations anticycloniques. Ces dernières donnent en général un temps ensoleillé. Etant donné que le soleil est plus haut et plus fort en avril qu’en décembre, l’ombre dans les vallées se réduit et l’astre diurne parvient à faire disparaître les inversions dans le courant de la journée.

La prédominance de situations météo anticycloniques  en avril 2014, notamment durant la première partie du mois, a permis d’avoir un ensoleillement plutôt excédentaire (plus de 10%). Il peut par contre paraître surprenant de relever des précipitations excédentaires de plus de 30% également causées par cette situation météo. En outre, l’impression générale est d’avoir eu un mois sec. Cette impression de sécheresse relative fut d’ailleurs renforcée par le déficit de précipitations mesuré en mars et une première moitié d’avril presque sans précipitations : il n’a par exemple plu que le 8 avril à Sion. Ce sont les précipitations abondantes tombées entre le 26 et le 30 avril en Haut-Valais et sur les hautes crêtes valaisannes qui expliquent l’excédent de précipitations enregistré sur l’ensemble du mois. En 72h, du 26 au 28 avril, il est tombé par exemple à Zermatt et Viège autour de 70 mm. Ce cumul de précipitations pour ces trois jours a d’ailleurs même atteint presque 200 mm au Grand Saint-Bernard. En outre, à Sion, les premières précipitations notables du mois (c’est-à-dire supérieures à 1mm) ne sont tombées que le 26, si on excepte le 8 avril. Dans le chef-lieu valaisan, les trois quart du cumul mensuel des précipitations se sont  d’ailleurs concentrés entre le 26 et 30 avril.

Les températures élevées, l’ensoleillement généreux et les précipitations rares de la première moitié du mois ont eu raison du manteau neigeux. L’épaisseur  moyenne du manteau neigeux  sur le Valais n’a ainsi même pas atteint la moitié de celui correspondant à un enneigement normal pour la saison. La fonte des neiges fut particulièrement importante en-dessous de 2000 m. Souvent, on n’observait plus que des bandes de pistes blanches aménagées entourées de vert pour descendre en station. D’ailleurs, plus aucune région valaisanne ne relevait un excédent d’enneigement, comme le montre cette carte du SLF , même si les régions du Simplon à Zermatt ont conservé un meilleur enneigement qu’ailleurs. Le contraste est d’autant plus fort qu’en 2013, on relevait encore excédant d’enneigement de plus de 25% à la mi-avril. L’enneigement d’avril 2014 fut tout de même moins précaire qu’en avril 2011 (moins d’un tiers de l’enneigement normal à la mi-avril) lorsque Pâques tombait également très tard.

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