Depuis le début de la crise du COVID-19, la fréquentation de certains sites naturel a fortement augmenté. Privée de voyages lointains, la population s’est rabattue sur des sites naturels de proximité. Mais la principale motivation de ce retour à la nature reste la quête de bien-être et de détente dans un environnement naturel propice à la déconnexion, un besoin de liberté essentiel dans le contexte anxiogène de la pandémie mondiale.

Mais cette crise n’a fait qu’accentuer un phénomène déjà en cours depuis longtemps. En effet, la plupart du temps, ce sont les sites les plus beaux, au niveau nature et paysage, qui jouissent d’une forte notoriété. Souvent facilement accessibles, ils attirent un grand nombre de visiteurs. Le terme « surfréquentation » connaît d’ailleurs un grand succès depuis plusieurs années pour qualifier ces visites de masse sur des sites culturels et/ou naturels.

La gestion de l’affluence touristique devient aujourd’hui un enjeu majeur, comme en témoigne certaines initiatives qui ont récemment éclot en France voisine et qui tentent de trouver des solutions à ce problème.

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Jauges et réservations dans des sites naturels protégés

Pour la première fois en France dans un parc national, un « permis de visite » sera expérimenté cet été pour accéder à une petite crique de Méditerranée. La fréquentation de la calanque de Surgiton, dans le Parc national des Calanques proche de Marseille, peut atteindre 1500 personnes par jour. Du 15 juillet au 15 août, les visiteurs devront réserver en ligne leur place, gratuitement, sur une plateforme dédiée. Cette « réservation est une première en France pour un parc national. Depuis le déconfinement du printemps 2020, le Parc national des Calanques lutte contre la sur-fréquentation : interdiction des navires sans autorisation, « démarketing » en publiant des photos de plages bondées pour décourager les visiteurs, ou encore interdiction des accès en voiture.

D’autres sites ont déjà expérimenté le principe des jauges et de la réservation, comme l’ile de Porquerolles qui a connu des pics de fréquentation de 6000 personnes / jour. Lors de l’été 2021, il a été décidé que les bateaux ne transporteront pas plus de 4000 voyageurs par jour sur la vingtaine de jours de l’été où se concentrent les pics de fréquentation. Autre levier utilisé : un service de réservation en ligne sera mis en place progressivement, Cependant, l’on souhaite d’abord que les usagers s’approprient l’outil. Pour le moment, la réservation est encore possible sur place si l’on n’a pas atteint les 4000 voyageurs. Ceci permet aux passagers d’avoir une vision globale et de rééquilibrer la fréquentation sur les autres jours de la semaine.

Un dispositif de sensibilisation et d’orientation des flux grâce à l’application Waze

La région Provence-Alpes-Côte d’Azur s’est associée avec l’application de guidage communautaire Waze afin de répartir les flux des visiteurs dans les sites naturels sensibles et de lisser les pics de fréquentation. Un partenariat inédit qui montre comment le numérique peut jouer un rôle dans la gestion des flux touristiques. Nombreux sont les automobilistes à utiliser un GPS sur leur smartphone pour s’orienter, particulièrement durant les vacances. Waze, l’application de guidage communautaire rachetée par Google en 2013, comptabilisait près de 14,2 millions d’utilisateurs actifs en 2020. Les automobilistes qui utilisent l’application Waze sont invités à emprunter d’autres itinéraires afin de réduire les bouchons et la saturation des places de stationnement dans les lieux prisés par les locaux comme les touristes. Les utilisateurs peuvent visualiser des messages d’alerte en cas de sur-fréquentation d’un spot touristique et se voient proposer des alternatives. En 2020, la région Provence-Alpes Côte d’Azur a mené des expérimentations sur plusieurs sites. Les résultats de cette première expérimentation se sont avérés concluants : 325'000 conducteurs ont été touchés par le dispositif mis en place et plus de 28'000 navigations vers les solutions alternatives ont été « provoquées » à la suite de l’exposition aux messages.

La startup Affluences se lance dans la mesure de fréquentation des lieux touristiques dont des sites naturels.

Un dispositif similaire a été mis en place sur le grand site du Fer à Cheval dans le département de Haute-Savoie afin de mesurer l’affluence en temps réel et de fluidifier la circulation des visiteurs. La startup Affluences, actif dans le monde de la culture, s’attaque maintenant à ce marché porteur, selon son CEO. « Nous sommes beaucoup sollicités sur cette problématique d’affluence et d’autres projets sont dans les tuyaux, notamment pour l’acheminement vers des plages ». Affluences propose aussi un module de réservation comme elle le fait déjà pour les établissements culturels.

Sources

Emilie Vignon. Pour éviter la surchauffe touristique, l’île de Porquerolles fixe des jauges, L’Echo touristique, 7 juillet 2021. Lien.

Linda Lainé. Marseille : un « permis de visite » sera expérimenté dans les Calanques, L’Echo touristique, 31 janvier 2022. Lien.

Julia Luczak-Rougeaux. Surtourisme : Affluences se lance dans la mesure de fréquentation des lieux touristiques, Tom travel, 22 juillet 2021. Lien.

Julia Luczak-Rougeaux. La région sud s’associe avec Waze pour contrôler les flux touristiques, Tom travel, 27 mai 2021. Lien.