Défis de l’hôtellerie valaisanne

Hotellerie

Décryptage de l’enquête dans le contexte plus global de l’hébergement touristique de l’Arc Alpin

En étroite collaboration avec l’Association Hôtelière Valaisanne (AHV), l’Observatoire Valaisan du Tourisme (OVT) a réalisé une enquête pour mieux cerner la nature et l’importance des principaux défis auxquels doit faire face l’hôtellerie valaisanne.

Les 413 établissements membres de l’AHV furent invités à répondre à un questionnaire en ligne. Bien que le taux de réponse s’élève à seulement 12%, l’échantillon reflète néanmoins la structure des établissements valaisans membres de l’AHV. L'enquête fournit des informations intéressantes concernant les difficultés rencontrées en matière de financement tant au niveau de l’investissement que des charges d’exploitation. Des précisions sont également apportées sur des thèmes sensibles tels que les ressources humaines, la formation continue, la transmission de l’établissement ainsi que les potentialités de collaborations.

Il est intéressant de tirer un parallèle entre les enseignements de cette enquête et les constats qui émanent d'autres études et analyses réalisées en Suisse et en Valais sur les défis de l'hôtellerie.

Dans un rapport récent (1), hotelleriesuisse a exposé des réflexions et positions à propos de l’orientation de la politique touristique dans les régions de montagne. Selon l’organisation faitière, le niveau des prix et les restrictions au développement ont atteint en Suisse des proportions telles que le tourisme de vacances peine grandement à rester compétitif sur les principaux marchés européens ce qui a comme conséquence qu’aucun projet hôtelier du tourisme de loisirs ne peut se réaliser sans financement croisé. Les résultats de notre enquête confirment les défis exposés par hotelleriesuisse ci-dessus. Concernant les difficultés au niveau du financement de projets dans les hôtels valaisans, trois facteurs ressortent clairement de notre analyse. Plus de 60% des hôteliers sondés considèrent que les ratings et critères d'évaluation des banques sont trop exigeants ; ils admettent la faible rentabilité de l'établissement et constatent le manque de connaissance du marché de la part des investisseurs potentiels (banques, etc.). La question des coûts de production est aussi perçue comme étant problématique dans tous les domaines pour une majorité des établissements en Valais.

Dans son rapport du 26 juin 2013 sur la situation structurelle du tourisme suisse, le Conseil fédéral met l'accent sur les problèmes engendrés par l'évolution négative de la rentabilité et de l'endettement de l'hôtellerie suisse. Depuis 2009, la régression constante du bénéfice brut d'exploitation des hôteliers suisses entraîne une baisse de la valeur de rendement des établissements. Tout comme les répondants de notre enquête, le rapport du Conseil fédéral souligne que dans un avenir relativement proche, les hôteliers ne peuvent plus compter sur l'apport de fonds étrangers pour financer leurs investissements. En revanche, il est réjouissant de constater la progression continue de la Société Suisse de Crédit Hôtelier (SCH) qui durant la période 2007 - 2012 a vu sont portefeuille de prêts passer de 90 à 135 millions de francs. Rappelons encore que, suite au train de mesures arrêtées en août 2011 par le Parlement pour atténuer les effets du franc fort, la SCH a obtenu une augmentation provisoire (jusqu'à fin 2015) du prêt de la Confédération de 100 millions de francs. A fin 2012, seuls 17 millions du prêt supplémentaire étaient investis, ceci dénote que l'effet multiplicateur recherché par le soutien de la SCH se heurte à la prudence des exploitants qui, faisant face à une longue période conjoncturelle difficile, ne cessent de reporter leurs projets d'investissements. Dans ce contexte, le canton du Valais préconise dans son rapport sur la stratégie de développement pour l'hébergement touristique, d'augmenter le plafond des prêts de la SCH par le biais d'une caution de l'Etat envers la SCH.

Pour que les entreprises hôtelières retrouvent leurs compétitivité internationale, il faut absolument que:

  • le politique s'attaque à l'îlot de cherté et améliore les conditions-cadres qui permettent une diminution des coûts de production.
  • les entreprises hôtelières doivent aussi se lancer dans une coopération et une intégration plus soutenues entre opérateurs touristiques sur les lieux de villégiature, avec pour résultat des entreprises performantes, et par conséquent compétitives (hotelleriesuisse 2013).

Notre enquête révèle que, parmi les hôteliers valaisans, la coopération n'est pas encore très développée. Hormis le marketing, le programme d’activités et le partage d’équipements ou de produits, l'idée de collaborer rencontre encore beaucoup de réticence dans les autres domaines. La collaboration constitue donc un de défis majeurs à relever en vue d'étoffer le service, d'en améliorer sa qualité et d'augmenter l'attractivité de l'offre aux yeux du client.

Les résultats détaillés de notre analyse sont disponibles en téléchargement ci-dessous

Lien vers l'étude

Notes:

(1): hotelleriesuisse 2013. Quelle politique touristique pour la Suisse? Réflexions et positions d’hotelleriesuisse à propos de l’orientation de la politique touristique dans les régions de lacs et de montagne. hotelleriesuisse, Berne.