La mue des villes - un enjeu habitant et touristique
Mobilité douce en réseau et linéarité végétale à l’épreuve de la pandémie
Avec l’irruption de la pandémie dans nos vies, nous avons découvert au quotidien à quel point les villes sont formatées pour répondre aux besoins des automobilistes. Le télétravail ayant annulé les trajets habituels vers et depuis le bureau, le temps de loisirs non accaparé par les nécessités du quotidien s’est étendu. Si le temps de loisirs s’est allongé, les infrastructures de loisirs ont dû fermer leurs portes, réduisant fortement l’offre disponible.
Bar-café fermé pour cause de pandémie. Source: Keystone.
Privé de divertissements commerciaux dans le monde physique, tout un chacun a alors investi plus intensément son environnement immédiat : le parc public, les aires de jeux, les artères commerçantes, les promenades fluviales, etc… La flânerie et le jeu ont sensibilisé les usagers aux enjeux de la mobilité piétonne et cyclable : sécurité, interconnectivité, fluidité et autres. Il est devenu sensé de développer de larges voies piétonnes et cyclables au lieu de trottoirs étroits sur des rues à plusieurs voies. D’ailleurs, à l’heure de la « distanciation sociale », « les coronapistes ont joué, avec quelques autres aménagements, un rôle crucial dans la redistribution des usages de l’espace public ».
Coronapiste à Paris. Source: CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
Les cafés, les restaurants, les bibliothèques ou les installations sportives, tous ces tiers-lieux fermés pendant la crise du Corona, ont donc contribué à penser leurs empreintes en négatif, à savoir tout ce qu’ils ne sont pas et ce qui se vit et se donne dans les interstices du réseau d’infrastructures fermées de loisirs. Avec une rapidité surprenante, les services d’urbanisme ont traduit ces réflexions en mesures opérationnelles pour rendre les villes plus vivables. En ce temps de pandémie, l’urgence de renouer avec l’espace public s’est imposée avec plus de force encore.
Ce mouvement vient en appui à une démarche de mise en cohérence du territoire par des linéaires végétalisés. Le potentiel d’attractivité de ces derniers est énorme tant les aménités naturelles leurs confèrent de surcroît une fonction récréative. Ces trames sont de plus en plus souvent des artères de vie, colonisées par des usagers de tout âge, aux ambitions diverses : se détendre, se déplacer d’un point A à un point B, se dépenser physiquement, s’amuser, se rencontrer.
Parc linéaire. Source: LDV Studio Urbain
Certains de ces parcs sont aménagés de façon à dissocier dans l’espace ces fonctions : chaque zone est dessinée en fonction d’usages distincts, tels que le sport, la culture, le loisir ou l’agriculture urbaine. Reste que ces parcs linéaires forment une entité qui a pour fonction primaire de relier ce qui est parcellisé. Ils sont une « continuité permettant de lier des quartiers aux spécificités propres et d’atténuer les fractures urbaines, tout en établissant des jonctions porteuses d’usages et d’ambiances adaptés aux quartiers traversés ». De toute évidence, ils favorisent aussi l’adoption de nouveaux comportements de mobilité qui prennent leur distance du « tout-voiture ». Dans un univers minéral, la valeur de ces poumons verts est inestimable. De toute évidence, le parc urbain de grande ampleur adresse tout à la fois les préoccupations des habitants et celles des visiteurs. En cela, il positionne la ville qui l’héberge comme une pionnière de la durabilité - une image très prisée des marketeurs urbains.