Tendances: le décryptage mensuel de l'OVT
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Des difficultés accrues pour le tourisme d’hiver
L’heure des bilans saisonniers sonne pour les stations de sports d’hiver. Plusieurs nouvelles confirment que la situation se complique malheureusement au niveau de la viabilité de certains domaines skiables. L’impact conjugué d’une météo capricieuse, d’un faible enneigement et du raccourcissement des périodes d’exploitation devient un véritable casse-tête pour les exploitants de sociétés de moyenne altitude disposant de peu de moyens financiers et évoluant sur un marché saturé.
La presse relatait récemment les grandes difficultés auxquelles devaient faire face les sociétés de remontées mécaniques de Château-d’Œx et de Charmey. Un peu partout les constats sont les mêmes. Les sociétés de remontées mécaniques affichent une trop forte dépendance à l’hiver ainsi qu’au financement de leurs infrastructures. Pour s’en sortir, les procédés proposés se ressemblent également. Recourir à des aides publiques, comme la récente décision provisoire du Gand Conseil valaisan d’octroyer 157 millions de francs à la branche, favoriser les collaborations, miser sur une exploitation quatre saisons constituent les principaux ingrédients. Reste encore à trouver le subtil mélange pour en faire une recette miracle. Une opportunité se profile avec les stations de la 4ème génération qui façonnent des solutions innovantes comme, par exemple, le projet « Chamrousse – The Alpine Connected Smart Resort ». D’autres s’activent à repenser le modèle économique actuel en proposant, à l’instar d’autres secteurs, des prix dynamiques et des tarifs attractifs. C’est le cas du Magic Pass, un forfait à 359 CHF qui donnera accès à 25 stations vaudoises, valaisannes, jurassiennes et fribourgeoises l’hiver prochain, ou encore du Pass du Saint-Bernard et le forfait à prix réduit proposé par Saas-Fee avant lui. Alors que certains décrient des actions commerciales déloyales et oppressantes pour l’ensemble du secteur, d’autres y voient au contraire une opportunité pour sa survie en restant compétitifs.
En France, le tourisme alpin confirme le constat fait précédemment avec les stations suisses. Une baisse bien plus forte est enregistrée dans les petites stations des Alpes du Sud, de la Maurienne et des Pyrénées que dans les grandes stations alpines.
E-tourisme entre croissance et adaptation
L’e-tourisme continue sa croissance effrénée. Dans son baromètre annuel, le cabinet Raffour Interactif constate qu’un voyageur sur deux effectue désormais sa réservation en ligne. Mais quelles sont les plateformes qui drainent le plus grand nombre de réservations ? Le classement du top 20 des sites de voyages en France montre que les acteurs globaux se rapprochent de plus en plus de l’opérateur national Voyages.sncf.
L’intégration du e-tourisme dans notre société permettra-t-elle de réduire la fracture numérique intergénérationnelle et de faire davantage profiter l’industrie touristique du potentiel du marché des seniors ? C’est en tout cas ce que laissent présager les statistiques publiées sur les habitudes des seniors en matière d’usage des nouvelles technologies. Près de la moitié des seniors effectuent d’ores et déjà des achats réguliers sur internet.
Du côté des hôteliers, les mutations engendrées par la généralisation du e-tourisme se font ressentir de plein fouet. Disruption des modèles établis, nouveaux arrivants et barrières d’entrées affaiblies forcent l’hôtellerie à s’adapter de plus en plus rapidement. Néanmoins il arrive parfois, que face à des opérateurs globaux, les hôteliers n’ont d’autres choix que le recours à l’arsenal législatif pour préserver leurs acquis. Le Conseil des Etats a soutenu une motion visant à libérer les hôteliers de leur interdiction de proposer, sur leurs propres canaux de distribution, des tarifs meilleur marché que sur les grandes plateformes en ligne.
Ça bouge aussi au niveau de la mobilité touristique. Pour mieux servir ses clients, la société de location de voitures Hertz Europe annonce la mise sur pied de services de transferts avec limousines et chauffeurs. Un loueur de voiture qui concurrence Uber ! Serait-ce une réponse au fait que l’économie collaborative redistribue sans cesse les cartes. Les compagnies de location de voitures sont elles aussi mises au défi par de nouvelles plateformes. OuiCar, qui propose aux particuliers de mettre en location leur propre véhicule, compte déjà un million d’utilisateurs. Parions que la conception d’un boîtier connecté pour remplacer la clé de contact ainsi que la prise de participation de la SNCF ne manqueront pas de soutenir le développement fulgurant de cette start-up.
Entre digitalisation, innovation et foodtech : les professionnels de la restauration attrapent le train en marche
L’engouement pour la gastronomie grandit tout autant que les attentes des consommateurs. Des changements de comportements drastiques et rapides qu’il est parfois difficile de suivre, mais aussi auxquels les professionnels de la restauration peinent à s’adapter. Cette brèche ouverte amène de plus en plus d’investisseurs et de startups de la foodtech à proposer de nouvelles solutions.
Transformation digitale. De plus en plus de restaurants s’entourent de startups qui les accompagnent dans cette transition numérique et qui les équipent de supports et de solutions technologiques. Les fonctionnalités sont aussi multiples qu’efficaces pour les restaurateurs :
- Actualisation du menu et promotion des offres ;
- Informatisation du processus de commande (Clyo Systems) ;
- Création et personnalisation des menus en temps réel (WeBox) ;
- Traduction des menus en langues étrangères (ex : lerestoweb, Menuze, Sensafood) ;
- Gestion des stocks ou sanitaire (ex. : traQ'food) ;
- Gestion de la e-réputation (ex. : la Borne Smiley, MyReactions, Wysifood, Zenchef) ;
- Etc.
La branche est demandeur. Pour preuve, la PME bordelaise l’Addition qui travaille sur une plateforme informatisant les prises de commandes, les bons d’envoi en cuisine et la facturation, vient de lever 5 millions d’euros pour poursuivre son expansion.
L’innovation déconcertante. Quitte à faire voler en éclat les codes d’un secteur encore traditionnel, d’aucuns s’essaient à réinventer la restauration de demain : celle de la nourriture conçue par imprimante 3D ou de la livraison des repas par drones. Aujourd’hui, des modèles comme Foodini, Bocusini, Choc Edge Ltd et 3D Systems Culinary Lab permettent l’impression alimentaire de pâtes à pizza ou de biscuits, de sculptures en chocolat ou en sucre. En Nouvelle-Zélande, la startup Flirtey a expérimenté la livraison par drones aériens pour le compte de Domino’s Pizza. A Londres cette fois, Just Eat, plateforme en ligne sur laquelle on commande son repas, proposera prochainement aux restaurateurs d’acheminer les takeaways par drones terrestres.
Pépinière d’entreprises. A Lyon, trois entrepreneurs lyonnais et le groupe Chevrillon viennent d’investir 2,2 millions d’euros dans la création de La Commune, un incubateur dédié aux futurs restaurants qui ouvrira ses portes en 2018. En mettant à disposition une cuisine collaborative ou encore la location d’échoppes à court terme, cette ancienne friche industrielle se rêve de devenir à la fois un lieu d’inspiration pour les cuisiniers et une opportunité pour concrétiser leur projet d’entrepreneuriat.
Entrepreneuriat culturel et événementiel
Selon une étude du Centre national des variétés, les festivals de musique sont en plein essor en France. Cette bonne santé attire par conséquent les grands groupes qui rachètent les festivals les uns après les autres ou en créent de nouveaux. Dernière opération en date : le rachat de Rock en Seine par un banquier d’affaires. A noter que le festival de heavy metal Hellfest détient la palme du festival le moins subventionné de France…
Culture et entreprise, un couple maudit ? La rengaine est connue. A Grenoble, startups ou financements mixtes apparaissent pour pallier le manque de soutien des collectivités publiques. Aussi, pour arrondir ses fins de mois, la salle de concert la Belle Electrique se privatise le temps d’une soirée. « On l’a fait une dizaine de fois en 2016 pour des entreprises, comme EDF ou HP », explique un membre l’association MixLab, qui gère la salle.
A Genève, le festival Antigel a bâti un modèle hybride qui fait ses preuves. Certains considèrent qu’au fil des années, ce festival est devenu l’un des événements les plus novateurs d’Europe. Sa mission : amener la culture sous toutes ses formes dans tous les coins, y compris les plus reculés, du canton de Genève. Aujourd’hui, 22 communes sur 45 participent au festival. La relation étroite entre le festival et le secteur privé soulève des critiques qui font sourire les organisateurs car, pour ces derniers, les gens de la culture sont bien des entrepreneurs, quoi qu’ils en disent.